Dans la gare de Breloux-La Crèche, Fernand observe le départ joyeux des premiers mobilisés, ceux du dimanche 2 août 1914.
Fernand est dubitatif. Il est plutôt en accord avec les idées et l’esprit de paix de Jaurès. Mais comment ne pas se laisser prendre par l’allégresse
de ces jeunes soldats qui veulent venger la défaite de 1870 ? Eh puis, comme tout le monde l’affirme, ce court conflit va préparer une paix de cent ans !
De toute façon, à l’âge où l’on pense à l’amour, cette guerre ne le concerne pas. Lui est de la classe 1915, quand il sera appelé, tout sera terminé depuis longtemps…
Pourtant la réalité le rattrape, et se succède une série de questions angoissantes pour Fernand : quand partira-t-il au front ?
Dans quel état reviendra-t-il ? Reverra-t-il même un jour sa maison ?
Bien plus qu’un simple parcours personnel, Fernand nous livre l’histoire des hommes qu’il a côtoyés tant à l’arrière,
que sur le front ou dans les camps de prisonniers. L’ensemble de ces aventures ordinaires, et pourtant si poignantes,
nous transmet une vision achevée de la Grande Guerre.
Avec son quinzième livre, Serge Janouin-Benanti nous offre de délicieux moments intimes au cœur d’une tourmente infernale.
Passionnant et instructif.
Un document rare. De juillet 1914 à décembre 1919, le Créchois Fernand Janouin a tenu des carnets où il consignait sa
vie de poilu au jour le jour. Les batailles, les tueries, les camarades de chambrée, les jeux, les anecdotes,
la captivité après qu’il avait été fait prisonnier à la cote 304 à Verdun, le retour du front...
Fernand s’en va en guerre est un roman autobiographique : le livre se lit comme un roman mais la
matière est toute entière puisée dans les pages de Fernand ou les journaux d’époque. Les détails y sont terribles.
Sans tabou. On y parle des « insoumises », prostituées clandestines de 15 ou 16 ans, souvent réfugiées de Belgique que
leurs parents vendent aux soldats. Cette scène aussi où les soldats s’aperçoivent que les uniformes qu’on leur procure
ont déjà servi, des raccrocs ont été rapiécés : On ne voit pas de trace de sang, se console un camarade.
Et cette phrase glaçante tirée d’un manuel d’éducation de l’infanterie : Faites confiance à vos officiers, avec eux vous serez sûrs de mourir utilement.
Les carnets de Fernand parlent par leurs détails mais ne s’y perdent pas...
Yves REVERT- La Nouvelle République, Dimanche 5 janvier 2020.
En plus d’une couverture complète de la Grande Guerre, de juillet 1914 à décembre 1919,
le héros de ce roman historique nous fait partager la vie de nombreux personnages attachants.
Ceux d’abord de la petite ville de Breloux-La-Crèche, un monde rural partagé entre les protestants
des hauteurs de Breloux et les catholiques du bas de La Crèche. À l’affût des nouvelles du front,
ici la vie continue, entre les habitudes ancestrales et les bouleversements de la guerre…
Puis nous découvrons les conscrits de la caserne Desjardin à Angers, d’horizons si divers.
Ils partagent leurs expériences, leurs souhaits et leurs angoisses.
Vient le temps des combats, la dure réalité des batailles de l’Artois autour de Notre-Dame-de-Lorette
et Loos. Les moments de joie et de détente à Berck. Puis les insoutenables bombardements de la cote 304, près de Verdun.
Les hommes se révèlent…
Fait prisonnier, Fernand nous décrit alors la vie dans les camps et les commandos. Malgré les brimades,
et les vexations, les prisonniers résistent, les anecdotes foisonnent.
Avec la fin de la guerre, vient le temps des échanges d’expériences et le décompte lugubre des amis disparus.
Un roman émouvant et profondément humain.
CDL 44, juillet 2019.
France, Ô ma France !
La rage de vivre
L’espérance rivée au corps
La sueur de sang et d’eau des camarades de tranchées
La peur qui n’a pas de couleur
Le souffle qui s’éteint
Les mains qui serrent
L’âme qui disparaît
La frontière qui disparaît
Ces yeux qui se referment dans un dernier adieu
Les étoiles qui brillent
Les obus qui sifflent aux oreilles
Le pays qui renaît
Le livre qui se referme
Marie A., décembre 2019.
Poème reçu d'une lectrice de Saint-Jean-de-Monts en Vendée